Coaliser les efforts des militants, l’obsession d’Amina Bouayach

Congrès mondial

le 25 février 2010

Le sourire pétillant, Amina Bouayach a le don de fédérer les forces qui l’entourent pour la défense des droits de l’homme. Cette professionnelle de la communication marocaine commence sa carrière de militante dans les années 1980 pour défendre les détenus politiques.

En s’inspirant des mouvements alors à l’œuvre pour la défense des prisonniers des dictatures sud-américaines, elle acquiert la conviction que l’union fait la force. « A partir de là, ma préoccupation a toujours été : "Comment se mettre ensemble pour la défense de certains droits ?" »

Cheville ouvrière de l’Organisation marocaine des droits humains (OMDH), qu’elle préside aujourd’hui, Bouyach a commencé à militer contre la peine de mort en 1993, lorsque l’OMDH a pris position contre l’exécution d’un haut responsable de la sûreté nationale « Nous avons été contre ce jugement et contre la peine de mort en tant que punition. Les réactions ont été très négatives », se souvient-elle. Mais l’année suivante, à la suite d’un rapport de l’OMDH incluant la peine de mort parmi les « graves violations des droits de l’homme » au Maroc, une amnistie royale épargne tous les condamnés à mort.

L’abolitionnisme, une action « complexe »

Au Congrès mondial, Bouayach est venue expliquer aux participants que la lutte pour l’abolition de la peine de mort est une action « complexe » qui combine à la fois protection et promotion des droits de l’homme. « La protection des droits de l’homme peut être comparée à l’action d’un médecin d’urgence, mais leur promotion, c’est un travail de long terme », explique-t-elle.

C’est pourquoi la mise en place d’une coalition fédérant toutes les forces disponibles, à commencer par les ONG de défense des droits de l’homme, est essentielle. Elle a participé à ce travail au Maroc, où existe désormais une coalition nationale.

Participant avec elle à l’atelier sur le développement de coalitions, Aurélie Plaçais, coordinatrice des campagnes de la Coalition mondiale contre la peine de mort, avertit toutefois que les ONG ne doivent pas rester entre elles mais aussi « s’ouvrir à des Etats, des collectivités locales, des avocats, des magistrats… »

Selon elle, si une coalition parvient à maintenir la mobilisation de ses membres à long terme et à développer sa propre identité sans « faire de l’ombre à ses membres », les bénéfices sont énormes. Non seulement la richesse des connaissances et des échanges démultiplie l’action de ses membres, mais le poids de leurs campagne augmente.

 « Quand on publie un rapport ou un communiqué de presse à l’échelle d’une seule organisation, cela n’aura pas le même impact que si c’est fait par tous les membres d’une coalition à l’échelle d’une région ou d’un pays », affirme-t-elle.

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