La marche vers l’abolition en Afrique orientale

Afrique

le 7 août 2011

La conférence a réuni environ 60 participants parmi lesquels des membres de la Cour suprême du Kenya et d’Ouganda, l’ancien président de la Haute cour de justice de Tanzanie, des membres de la Cour constitutionnelle du Kenya, des membres de la Cour d’appel d’Ouganda, des membres de la Haute cour du Kenya et d’Ouganda, des magistrats, des directeurs de prison du Kenya et d’Ouganda, des avocats et des associations de juristes, des universitaires, des membres de la société civile du Kenya, d’Ouganda, de Tanzanie et du Rwanda, des représentants des médias, et des membres de la communauté internationale des donateurs (Union européenne et Foreign & Commonwealth Office).
La table ronde avait pour objectif de promouvoir une abolition progressive de la peine de mort dans la région et d’identifier les meilleures pratiques, les défis et les opportunités de réforme du système de justice pénale.

Augmentation de la population carcérale

Si le Kenya n’a procédé à aucune exécution depuis 1987, l’Ouganda depuis 2003 et la Tanzanie depuis 1995, les tribunaux de ces pays continuent à condamner à mort, y compris pour les crimes de meurtre, trahison, et cambriolage avec voies de fait, pour n’en citer que quelques uns.
À ce jour, on dénombre 487 détenus dans les couloirs de la mort en Ouganda, 1 438 au Kenya et 549 en Tanzanie. L’accroissement du nombre de détenus, le recours à des peines excessivement longues et à des peines d’emprisonnement à vie posent de sérieux problèmes au personnel pénitentiaire qui se trouve confronté à une surpopulation carcérale.
Jacqueline Macalesher, responsable des projets sur la peine de mort de PRI, a expliqué l’évolution de l’abolition à l’échelle mondiale et insisté sur le rôle important que jouent les organisations de la société civile pour réformer la peine de mort et la justice pénale. Rob Macaire (photo, au centre), haut commissaire britannique au Kenya, s’est dit inquiet face à l’augmentation du nombre d’exécutions extrajudiciaires au Kenya et dans d’autres pays de la région, et de leur impact négatif sur l’application de la loi.

« Œil pour œil, dent pour dent »

Certaines réactions des opposants à l’abolition diffusées par les médias régionaux témoignent du travail important qui doit encore être mené dans ce domaine. Ainsi, le journal de Nairobi Africa Review cite le premier juge d’Ouganda, Yorokomu Bomwine (photo, à droite) : « La règle, c’est œil pour œil, dent pour dent. En tant que leader d’opinion au sein de ma communauté, je pense que toute personne qui prend la vie d’autrui de manière brutale, doit recevoir le même traitement », a déclaré le juge Bomwine au journal.
À l’issue d’un débat vivant, ouvert et collaboratif, les participants à la conférence ont rédigé huit recommandations clés, parmi lesquelles : réduire progressivement les délits passibles de la peine de mort aux seuls délits « les plus graves », abolir les condamnations à mort automatiques, établir des lignes directrices pour le jugement dans les affaires impliquant la peine de mort, reconnaître les droits des victimes de délits violents et établir un fonds de compensation, dispenser des cours d’éducation civique sur l’abolition et résoudre le problème de la surpopulation carcérale.
Cette conférence fait partie d’une série d’événements organisés dans le cadre du programme de travail actuel de PRI sur l’abolition de la peine de mort et la promotion de sanctions alternatives respectueuses des droits de l’homme. Ce programme de travail est mis en œuvre dans dix-neuf pays de cinq régions : Moyen-Orient et Afrique du Nord, Europe orientale, Sud-Caucase, Asie centrale et Afrique orientale.
Le programme est soutenu par l’instrument européen pour la démocratie et les droits de l’homme (EIDHR).

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