Les abolitionnistes d’Afrique centrale réunis à Kinshasa
Afrique
Une question très sensible dans la région
Une Conférence interrégionale contre la peine de mort en Afrique centrale a eu lieu les 30 et 31 mars à Kinshasa.
Deux membres de la Coalition mondiale, Ensemble contre la peine de mort (ECPM) et l’association congolaise Culture pour la paix et la justice (CPJ), ont organisé la rencontre en partenariat avec le Ministère français des Affaires étrangères et européennes, l’Organisation internationale de la Francophonie et le Royaume d’Espagne.
Cet événement constituant une avancée abolitionniste régionale avait pour objectif de briser l’isolement de certaines associations africaines et de favoriser la mise en place de stratégies régionales conjointes en faveur de l’abolition de la peine capitale.
Aujourd’hui sur les 57 pays du continent africain, 16 Etats continuent de pratiquer régulièrement la peine de mort, 20 l’ont abolit entièrement et 21 ne l’appliquent plus.
La question de la peine de mort reste très sensible dans la région, qui a enregistré 42 exécutions et plus de 650 condamnations en 2010. C’est notamment le cas dans les pays ayant connu des troubles civils importants (République démocratique du Congo, Soudan, Ouganda, etc.).
Des annonces officielles qui confirment la tendance abolitionniste
En présence d’une centaine de personnes, acteurs institutionnels et représentants de la société civile d’au moins 10 pays africains, la conférence a dans un premier temps sensibilisé l’opinion publique lors d’une séance plénière publique organisée le vendredi 30 mars. Lors de cette journée, plusieurs officiels nationaux et internationaux ainsi que des experts abolitionnistes ont abordé des thématiques relatives à la peine de mort et aux stratégies d‘abolition.
A cette occasion, Alexis Thambwe Mwamba, ministre des Affaires étrangères de la RDC, a annoncé officiellement que son pays était en moratoire irréversible sur les exécutions. Le ministre de la Justice Luzolo Bambi a quant à lui déclaré être favorable à une abolition « responsable » concomitante à une réforme du système pénitentiaire congolais afin de garantir la certitude de la peine effectuée.
Ces annonces officielles confirment la tendance abolitionniste de la République démocratique du Congo qui observe un moratoire sur les exécutions depuis 2003 et dont la Constitution entrée en vigueur en 2006, stipule dans les articles 16 et 61 le droit à la vie de tout être humain.
La naissance de la Coalition d’Afrique centrale contre la peine de mort
Dans un second temps, une séance statutaire entre les acteurs abolitionnistes d’Afrique centrale, le samedi 31 mars, a permis la création d’une Coalition d’Afrique centrale contre la peine de mort, regroupant les principaux pays de la région (Cameroun, Congo-Brazzaville, Burundi, Ouganda, Kenya, RCA, RDC, Tchad, et Tanzanie).
Lors de cette conférence, Raphaël Chenuil-Hazan, directeur d’ECPM a déclaré « qu’après l’abolition de l’esclavage et de la torture, l’abolition de la peine de mort est devenue un combat universel pour l’humanité. La RDC doit avoir une volonté politique forte pour agir dans le sens de l’abolition, étant donné que de nombreux pays voisins de la RDC l’ont déjà abolie (Angola, Burundi, Gabon, Rwanda) ».
Maître Lievin N’Gondji, président de l’association Culture pour la paix et la Justice, basée à Kinshasa, a quant à lui « appelé les députés congolais à légiférer contre la peine de mort à l’instar du Burundi, du Rwanda et de l’Ouganda car l’abolition de la peine de mort est une des victoires que l’humanité doit remporter ».
Lire la déclaration finale de la conférence
Lire le communiqué de presse
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