La peine de mort a toujours valeur d’exemple en Corée du Nord

Asie

Publié par Thomas Hubert, le 19 mai 2013

« La peine de mort en Corée du Nord s’applique dans une opacité totale, et outre le fait d’être une violation du droit à la vie, elle correspond à maints égards à une privation arbitraire de la vie. » Telle est la conclusion de l’enquête conduite par Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH, membre de la Coalition mondiale) auprès de réfugiés ayant fui le régime de Pyongyang et des organisations qui les accueillent en Corée du Sud.
Tolekan Ismailova, directrice de Citizens Against Corruption, ligue kirghize membre de la FIDH, Speedy Rice, avocat et professeur à la Washington & Lee University School of Law, Marie-Orange Rivé-Lasan, maître de conférence à l’Université Paris Diderot et Sarah Mahir, consultante pour la FIDH, se sont rendus à Séoul en décembre 2012.
Les témoignages qu’ils ont recueillis font état d’une utilisation constante de la peine de mort en Corée du Nord depuis les années 1990 pour punir des crimes aux définitions toujours plus larges – et plus floues. « Malgré les réformes juridiques récentes, la peine de mort peut donc toujours être utilisée pour un grand nombre de crimes. Il y a également un manque de garanties pour protéger les citoyens contre une utilisation arbitraire et abusive de la peine de mort », notent les auteurs de l’enquête.

« Crimes politiques »

Marie-Orange Rivé-Lasan identifie deux catégories de crimes passibles de mort dans le pays : les meurtres et les « crimes politiques contre le culte du grand leader, qui sont plus subjectifs et faciles à utiliser contre un ennemi ». Elle ajoute que des vagues d’exécutions, parfois publiques, pour punir ces dernières infractions sont destinées à impressionner la population.
Regardez son interview en vidéo ci-dessous pour en savoir plus sur la mission de la FIDH en Corée, l’utilisation de la peine capitale pour faire des exemples et l’arrivée du nouveau dirigeant Kim Jong-un :

Rivé-Lasan ajoute que malgré le grand nombre de réfugiés nord-coréens ayant assisté à des exécutions publiques, très peu ont été interrogés à ce sujet lorsqu’ils sont arrivés en Corée du Sud. « Une personne que nous avons interrogée s’est mise à pleurer car cela faisait partie de son passé, mais elle n’avait encore jamais eu l’occasion d’en parler », rapporte-t-elle.
Certains témoins rencontrés par la FIDH racontent ainsi avoir été tirés de leur école primaire pour assister de force à des exécutions.

Pour en savoir plus, téléchargez le rapport ici.

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