L’UE déplore les difficultés rencontrées avec le Bélarus

Congrès mondial

Publié par Tiziana Trotta, le 16 juin 2013

Les représentants des institutions européennes réunis lors du 5e Congrès mondial contre la peine de mort se sont dits satisfaits de la résolution approuvée à leur initiative par le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU le 13 juin sur le Bélarus.
Avec ce document, Bruxelles réaffirme son refus face au seul cas du continent où l’on applique la peine capitale. En dépit de la volonté de l’Union Européenne (UE) de soutenir l’abolition dans ce pays, il s’avère encore très compliqué d’établir un dialogue productif avec Minsk.
Valentin Stefanovic (vidéo ci-contre), représentant de Viasna, l’une des rares associations actives dans le pays en matière de défense des droits de l’homme, partage la frustration de Bruxelles, même si cela ne l’empêche pas de poursuivre la lutte au sein même du système.
Ce militant biélorusse affirme que le principal obstacle pour obtenir l’abolition n’est pas le soutien de l’opinion publique à la peine capitale, mais l’absence de volonté des dirigeants politiques de s’engager dans une véritable réforme du système.
« Nous n’avons pas besoin d’un autre sondage pour savoir si la société civile est pour ou contre cette pratique, puisque ces informations sont souvent manipulées », proteste-t-il. « Nous devons éduquer, former et fournir les outils pour que la population puisse faire son choix. Le problème est qu’il n’y a aucun débat sur cette question », ajoute-t-il.

48 exécutions depuis 2000

La législation en vigueur au Bélarus prévoit 12 cas dans lesquels ont peut appliquer la peine de mort. Après la période noire des années 1990, au cours desquelles plus de 300 exécutions ont eu lieu, entre 2000 et 2013 le nombre total d’exécutions est passé à 48, grâce à l’introduction de la réclusion à perpétuité dans le code pénal.
La politique du secret que les autorités du pays cultivent sur cette question est totale. Les familles des condamnés ne reçoivent aucune information concernant la date ou le lieu des exécutions, et le corps ne leur est pas restitué.
Les institutions européennes se joignent à la demande de Valentin Stefanovic d’un moratoire. Bruxelles dispose d’un très vaste éventail d’outils pour agir. « Nous avons recours à la diplomatie publique, au "naming and shaming" (dénoncer clairement les pratiques que nous ne partageons pas) et nous disposons d’une délégation à Minsk qui dépose régulièrement des plaintes sur les violations des droits de l’homme », explique Antonis Alexandridis, membre du Service Européen pour l’Action Extérieure.

Politique très stricte

« Parfois, nous ne sommes pas suffisamment clairs et résolus dans notre rôle de chef de file dans la défense des droits de l’homme », affirme Antonis Alexandridis, « mais nous avons une politique très stricte concernant la peine de mort. N’en déplaise à nos interlocuteurs, c’est un sujet qui est toujours présent dans nos conversations. »
Luigia de Gisi, directrice du programme peine de mort à la Commission Européenne, rappelle toutefois que les institutions communautaires peuvent seulement soutenir de manière active les initiatives locales, et qu’il incombe aux pays eux-mêmes de se prononcer en faveur de l’abolition.

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