Les autorités du Pakistan appelées à renouveler le moratoire
Déclaration
La Commission des droits de l’Homme du Pakistan (HRCP) appelle le président et le Premier ministre à étendre le moratoire informel sur les exécutions de condamnés à mort après l’expiration le 30 juin du décret présidentiel qui avait suspendu les pendaisons.
Préoccupée par l’absence de renouvellement du décret présidentiel à son échéance comme cela était le cas depuis 2008, HRCP a déclaré qu’avec 8 000 prisonniers dans les couloirs de la mort du pays et des milliers d’autres accusés ou en procès pour des crimes punis de mort, jamais autant de vies n’ont été menacées par l’action de l’État au Pakistan.
« Forte probabilité d’erreurs judiciaires »
La Commission a déclaré : « Nous souhaitons souligner qu’aucune des raisons pressantes qui justifient l’opposition de longue de date de HRCP à la peine de mort au Pakistan n’a changé d’aucune manière depuis que le gouvernement a mis en place un moratoire informel sur les exécutions fin 2008. Les déficiences critiques et bien documentées dans la loi, l’administration de la justice, les méthodes d’enquête de la police et la corruption chronique au Pakistan n’ont connu aucune amélioration entre la première décision du gouvernement de suspendre les exécutions en 2008 et aujourd’hui. Dans ces circonstances, la peine capitale s’accompagne d’une forte probabilité d’erreurs judiciaires qui est totalement inacceptable dans toute société civilisée, et encore plus lorsque le châtiment est irréversible. Contrairement à l’argument souvent vanté de la dissuasion, l’application systématique et généralisée de la peine de mort n’a conduit à aucune amélioration du respect de l’ordre et du droit dans le pays. Cela a été confirmé par des recherches dans plusieurs pays. »
Moratoire immédiat
HRCP a déclaré qu’elle allait continuer à appeler le gouvernement à adopter un moratoire immédiat sur les exécutions à la lumière des manquements sérieux observés dans le respect des procédures et l’équité des procès au sein du système judiciaire. Elle demande au président de prendre immédiatement un décret prolongeant la suspension des exécutions. Dans sa lettre au Premier ministre, HRCP a écrit que si le nouveau gouvernement avait décidé de revenir sur la décision de suspension des exécutions, il devait prendre en compte les nombreuses raisons pressantes invoquées par HRCP pour s’opposer à la peine capitale au Pakistan.
Zohra Yusuf
Présidente
Illustration : HRCP