Des brèches dans la peine de mort en Asie

Asie

Publié par Sandra Babcock (DeathPenaltyWorldwide.org) à Bangkok, le 25 octobre 2013

Les représentants de plusieurs gouvernements d’Asie du Sud-Est se sont retrouvés à Bangkok les 22 et 23 octobre 2013 pour évoquer les espoirs d’abolition dans la région. La conférence, organisée par le Haut-commissariat des Nations unies pour les droits de l’Homme et le ministère thaïlandais de la Justice, a fait apparaître de nouvelles informations surprenantes sur les projets d’abolition de plusieurs gouvernements de la région. Longtemps considérée comme un fief de la peine de mort, l’Asie du Sud-Est présente une réalité bien plus complexe.
Dans son discours d’ouverture, le représentant du ministère thaïlandais de la Justice, Dr Naras Savestanan, a annoncé que le gouvernement proposerait prochainement une loi pour abolir la peine de mort dans le pays. Le Dr Savestanan a dressé une liste des problèmes relatifs à l’application de la peine capitale, parmi lesquels la possibilité d’erreurs judiciaires, la discrimination raciale et ethnique, le manque d’effet dissuasif et la douleur associée à l’exécution. Il en a conclu que la peine de mort était un châtiment cruel et inhabituel. Si la Thaïlande abolit la peine de mort, ce sera le quatrième pays de la région après les Philippines, le Cambodge et la Mongolie.

Dépasser le moratoire au Myanmar et au Laos

Le gouvernement du Myanmar (ancienne Birmanie) a suspendu toutes les élections du pays depuis 1988 en application d’une politique officielle. Selon le ministère de la Justice birman, le pays envisage désormais de ratifier le Pacte international sur les droits civils et politiques et maintiendra son moratoire jusqu’à une décision sur une éventuelle abolition.
Le Laos a ratifié la Convention sur la torture l’année dernière et observe un moratoire de fait depuis plus de 20 ans. Phoukhong Sisoulath, représentant du ministère des Affaires étrangères laotien, a declare que le concept de proportionnalité des peines date de l’un des premiers rois du pays, réputé il y a plusieurs siècles pour son approche humaine dans le traitement des prisonniers. Le Laos ré-examine actuellement son Code pénal dans le but de réduire le nombre de crimes punis de mort.
De son côté, Brunei n’a procédé à aucune exécution depuis 1957.

Un nouveau regard sur l’opinion publique japonaise

Mai Soto de l’Institut de recherche sur les politiques pénales de l’Université d’Oxford a présenté l’un des exposés les plus intéressants du séminaires. Le Dr Soto a expliqué comment la nature des questions posées déformait les sondages sur la peine de mort au Japon, souvent cités par le gouvernement pour justifier son maintien.
Les enquêtes d’opinion officielles indiquent qu’une large majorité des Japonais (environ 86 %) s’opposent à l’abolition de la peine capitale. Ses propres sondages révèlent que la proportion de personnes soutenant activement la peine de mort représente en fait environ 56 % de la population. De plus, lorsque ces mêmes personnes sont soumises à des sondages « délibératifs » qui enregistrent leur opinion après une discussion sur la peine de mort avec des experts, environ la moitié d’ente elles changent d’avis.

Les stratégies régionales d’abolition en discussion à Hong Kong
Deux jours plus tard, une conférence a réuni à Hong Kong des universitaires, des membres de la société civile et des diplomates pour débattre des stratégies abolitionnistes en Asie. Les discussions se sont concentrées sur la peine de mort pour trafic de drogue, les enquêtes d’opinion, le processus de demande de grâce, la peine de mort en Chine et le rôle des avocats dans la réduction du nombre de condamnations à mort et d’exécutions. La conférence était organisée par l’Université de Hong Kong, la représentation de l’Union européenne à Hong Kong et Macao et ADPAN.
Aurélie Plaçais (à Hong Kong)

Carte : TUBS

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