Travailler avec les journalistes pour exposer les failles de la peine de mort

Plaidoyer

Publié par Coalition mondiale contre la peine de mort, le 30 juin 2014

Rafael Lenín López, président de l’Association des journalistes de Porto Rico, a assuré aux abolitionnistes que ses membres étaient généralement favorables au combat contre la peine de mort.
« Je n’ai jamais vu un journaliste de notre pays appeler à la peine de mort contre un accusé dans une affaire pénale », a déclaré Lopez.
Thomas Hubert, journaliste et rédacteur en chef de Worldcoalition.org, a donné des conseils aux militants participants sur les attentes des journalistes, à commencer par cinq questions essentielles : qui, quoi, où, quand, et comment/pourquoi. Si les abolitionnistes peuvent y apporter des réponses factuelles dans un langage simple et sans jargon fait de phrases courtes faciles à citer dans un article de presse où à insérer dans un programme audiovisuel, les journalistes leur en seront reconnaissants et les recontacteront, a déclaré Hubert.
Les deux journalistes ont expliqué que les opposants à la peine capitale devaient également veiller à organiser leur discours selon le format de la pyramide inversée utilisée dans les médias, en donnant l’information essentielle en premier et gardant les détails secondaires ou contextuels pour la fin – surtout lors d’émissions en direct où le temps est compté et difficile à gérer.
« Après une interview après un militant, je peux n’avoir que 20 secondes pour mon sujet télévisé – c’est la réalité », a expliqué Lopez.
« Si on vous demande pourquoi la Coalition mondiale est réunie à Porto Rico et que vous commencez votre réponse par une liste de raisons pour lesquelles la Coalition mondiale est une organisation exceptionnelle, le journaliste vous coupera net », a ajouté Hubert.

Choisir un angle et s’y tenir

La peine de mort est un sujet vaste aux ramifications complexes, et Hubert a recommandé aux abolitionnistes de choisir un angle particulier pour intéresser les journalistes à un aspect restreint de la question lié à l’actualité. Il a cité le guide de formation de Penal Reform International pour les journalistes qui couvrent les questions de peine de mort, qui propose de nombreuses idées d’angles.
Les débats avec les militants locaux et internationaux ont fait apparaître des questions et des exemples utiles quant aux relations entre abolitionnistes et médias.
Mario Marazziti, de la Communauté de Saint Egidio, a souligné que le public et les journalistes restaient souvent insensibles à la question de la peine de mort tant qu’elle n’était pas liée à un autre problème. « Par exemple, ils s’intéressent à la torture et les exemples d’exécutions ratées peuvent créer de l’intérêt », a-t-il dit.
Jacky Hortaut, du Collectif français Libérond Mumia !, a cité un exemple de collaboration efficace entre une organisation abolitionniste et un média consistant en un échange entre accès aux sources et couverture journalistique. Il a expliqué qu’une journaliste de la radio publique française avait accompagné le Collectif lors d’une tournée aux États-Unis, ce qui lui avait permis d’accéder à des lieux clés et d’interviewer des personnalités. La station de la journaliste a ensuite consacrée une journée à la diffusion de ses reportages, ce qui a mis en lumière le cas de l’ancien condamné à mort Mumia Abu-Jamal.
Lopez a encouragé les militants et les journalistes à multiplier ces collaborations, tout en respectant le besoin d’équilibre dans la couverture médiatique. « Chaque procès impliquant la peine de mort est une honte, mais c’est aussi une opportunité pour nous d’éduquer le public et de renforcer l’opinion publique qui s’oppose à une telle atrocité, » a-t-il déclaré.

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