Une tournée en Ouganda illustre la collaboration entre abolitionnistes

Afrique

Publié par Emile Carreau, le 21 décembre 2014

La collaboration entre les abolitionnistes n’est pas nouvelle: elle a parfois à grande échelle, lors d’événements comme les congrès mondiaux contre la peine de mort qui ont lieu tous les trois ans. Mais la lutte internationale contre la peine de mort se nourrit aussi de partenariats plus modestes.
La mission de Journey of Hope… From Violence to Healing en Ouganda en novembre, à la demande de l’ancien condamné à mort Edward Mpagi, nous rappelle que la collaboration entre abolitionnistes peut être très efficace au niveau local.
« J’ai invité Journey of Hope à venir en Ouganda pour m’aider à sensibiliser les Ougandais aux dangers de la peine de mort », a déclaré Mpagi.
La visite a aidé au lancement de la Coalition Ugandans Against the Death Penalty (« Les Ougandais contre la peine de mort »), qui recrute désormais ses membres dans tout le pays.
« Nous sommes passé à la radio, à la télévision, et nous avons eu une conférence de presse. Nous avons visité des écoles, des églises et parlé à des prisonnières dans le couloir de la mort. Ainsi, la population locale a pris conscience des dangers de la peine de mort », rapporte Mpagi.
« Le voyage a déclenché un mouvement de lutte contre la peine de mort en Ouganda. J’ai vu d’éminents chefs religieux changer leur position sur la peine de mort après avoir rencontré les intervenants de Journey of Hope », ajoute-t-il.
Une collaboration de ce genre est indispensable au moment où certains politiciens conservateurs ainsi que des des figures religieuses font pression pour que les actes homosexuels soient passible de la peine de mort.
Malgré cela, l’Ouganda a connu plusieurs victoires abolitionnistes, notamment le rejet d’une proposition de loi anti-homosexualité très controversée.
L’Ouganda s’est aussi abstenu de voter sur une résolution des Nations Unies pour un moratoire sur l’utilisation de la peine de mort, contre laquelle le pays avait précédemment voté et signé une note verbale de protestation.

Des portes s’ouvrent pour répandre « l’amour et la compassion »

L’association Journey of Hope, basée aux États-Unis, et son fondateur Bill Pelke organisent depuis longtemps des tournées pour répandre le message simple selon lequel « la réponse est l’amour et la compassion pour toute l’humanité ».
« Journey of Hope est allé dans 16 pays et environ 45 États des États-Unis. Les voyages sont organisés par nos partenaires dans le pays de destination. Nous ne pourrions pas réussir ces événements sans leur aide », explique Pelke.
La première occasion de tournée en Afrique s’est présentée à lui en 2010.
Mpagi « m’a demandé si Journey of Hope pouvait venir en Ouganda pour l’aider dans son combat solitaire contre la peine de mort. Des portes se sont ouvertes et nous avons pu aller en Ouganda avec une équipe de quatre personnes pour aider à planter les graines de l’abolition », se souvient Pelke.
Durant le voyage de 2010, Mpagi, Pelke et deux autres militants américain et ougandais se sont également rendus au Rwanda pour assister à une conférence réunissant 25 pays africains sur le sujet de la peine de mort.
En 2014, Pelke a eu l’occasion de retourner en Afrique et a contacté Mpagi.
« Journey of Hope a mis en place une équipe de dix personnes pour cette nouvelle visite. Edward nous a informés qu’il souhaitait lancer la coalition Ugandans Against the Death Penalty (Ougandais contre la peine de mort) au cours de notre visite du 12 au 24 novembre. Cette action est devenu une de nos priorités dans nos efforts de collecte de fonds », explique Pelke.
« Nous ne recevons aucune subvention ni autre financement important », a-t-il fait remarquer. « Pour cet voyage en Afrique, nous avons collecté plus de 160 dons individuels et cinq organisations abolitionnistes nationales nous ont soutenus.  »

Photo : Scott Langley

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