La Coalition marocaine s’attaque à la peine de mort pour terrorisme

MENA

Publié par Coalition mondiale contre la peine de mort, le 13 mars 2015

La Coalition marocaine, qui avait placée son AG sous le thème « La peine de mort, une vengeance et une atteinte à la dignité », rapporte que la séance d’ouverture a accueilli une centaine de personnalités du monde diplomatique, politique, universitaire, parlementaire et associatif d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (MENA) ainsi que des pays de l’Union européenne.
Les autorités marocaines étaient représentées par Mustapha Raissouni, membre du Conseil national des droits de l’homme, et Abderrazak Rouane, secrétaire général de la délégation interministérielle aux droits de l’homme.
Deux ateliers fondamentaux ont eu lieu à cette occasion : celui concernant « La peine de mort dans la région Mena » a permis à chaque coalition nationale (Maroc, Algérie, Tunisie, Liban, Jordanie et Mauritanie) d’échanger leurs expériences et la session « Terrorisme et peine de mort » durant laquelle des activistes, des juristes et des victimes d’attentats ont pu par leurs témoignages tenter de répondre à la problématique concernant les conséquences du terrorisme dans les stratégies abolitionnistes.

"La salle n’a pas désempli"

Pour la première fois dans un pays arabe, un débat public a ainsi été organisé sur le thème terrorisme et peine de mort. Un débat qui a passionné, rapporte l’association française Ensemble contre la peine de mort, partenaire de l’événement : « La salle n’a pas désempli de 15 h à 20 h, rapporte Nicolas Perron, directeur des programmes d’ECPM. Les échanges ont été très riches. Le public a posé beaucoup de questions. »
Fléau mondial qui n’épargne pas le monde arabe, le terrorisme ravive la peine de mort, constate ECPM. En Jordanie, six terroristes ont été exécutés en début d’année après qu’un pilote jordanien avait été brûlé vif par des djihadistes de Daech. Au Pakistan, quelques mois après l’attaque de Peshawar qui a fait 141 morts, dont 132 enfants, le gouvernement a annoncé la levée du moratoire sur les exécutions (en vigueur depuis 2008) dans les cas de terrorisme.
Au Cameroun, sous les menaces de Boko Haram, le président a promulgué en décembre une loi anti-terroriste qui élargit le champs d’application de la peine de mort. Mais répliquer par la peine capitale, est-ce une solution efficace pour lutter contre le terrorisme ? Est-ce une réponse juste et pertinente ? Le débat est loin d’être tranché. « Vu l’intérêt que le sujet a suscité à Rabat, nous avons l’intention de renouveler le débat dans d’autres pays du Maghreb et du Moyen-Orient, informe Nicolas Perron. Nous souhaitons aussi le régionaliser. »

Une trentaine d’enseignants formés sur l’éducation à l’abolition

Les membres de la Coalition marocaine ont ensuite validé leur rapport d’activité et  élu les membres du comité de pilotage. De même, la coalition maghrébine contre la peine de mort a réuni son propre comité de pilotage, qui a notamment décidé de se saisir du cas du jeune blogueur Mohammed Cheikh, condamné à mort en Mauritanie pour apostasie.
En parallèle, un atelier intitulé « Eduquer à l’abolition : échange d’expériences et d’outils » a été coanimé par Mustapha Mezroui, chargé de mission éduquer à l’abolition de la peine demort au sein de l’Organisation marocaine des droits humains, Tanya Awad Ghora, membre de l’Association libanaise pour les Droits Civils et Marianne Rossi, chargée du projet éducation au sein de l’association française Ensemble contre la peine de mort. Cette session a bénéficié à une trentaine de formateurs des droits de l’homme et de professeurs marocains.

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