Le Réseau ADPAN confirme sa force en Asie

Asie

Publié par Jessica Corredor, le 22 août 2017

La réunion fut l’occasion pour ADPAN de tenir sa réunion statutaire et de discuter son plan d’action. Pendant la réunion statutaire, ADPAN a élu huit membres pour son nouveau comité exécutif, pour deux ans : Adilur Rahman Khan (Bangladesh), Aeshad Mermood (Pakistan), Charles Hector (Malaisie), Julian Mac Mahon (Australie), Ngeow Chow Ying (Malaisie), Sarmad Ali (Pakistan),Sinapan Samydorai (Singapour) et Jiazhen Wu (Taiwan). Le Secretaire de l’organisation des droits de l’homme ODHIKAR, Addilur Rahman Khan,  a été élu in absentia en raison de son arrestation arbitraire et la déportation qui s’en est suivie par les autorités malaisiennes à l’aéroport de KLIA. Voir le communiqué d’ADPAN ( en anglais).

Les discussions se sont également concentrées sur le cas des migrants condamnés à mort en Asie et sur l’importance de maintenir le combat abolitionniste sur le continent asiatique et ailleurs, malgré l’abolition de ce châtiment dans certains pays. A Hong Kong par exemple, la peine de mort a été abolie en 1993 mais de nombreux ressortissants se trouvent encore dans les couloirs de la mort dans d’autres pays asiatiques.

L’inquiétante situation aux Philippines concernant le projet de réintroduction de la peine de mort a également été abordée. Selon Julian Mac Mahon, président de Reprieve Australie, « les Philippines ont eu 10 000 exécutions extrajudiciaires depuis l’arrivée au pouvoir de Duterte. Si la loi réintroduisant la peine de mort passe au Sénat, les Philippines deviendront le pays qui exécutera le plus de détenus au monde ».

« La moitié des pays qui exécutent encore se trouvent en Asie »

A la suite de l’assemblée générale ADPAN, en partenariat avec ECPM, a organisé une conférence internationale : « Abolition de la peine de mort en Malaisie et Asie pacifique » du 21 au 22 juillet. La seance d’introduction a donné un aperçu de la peine de mort en Asie. «  Malgré la multiplicité des régimes et formes de gouvernement dans les pays asiatiques, la grande majorité commet des meurtres prémédités » a déclaré Julian Mac Mahon. Il a ensuite ajouté « le plus grand prédicteur d’une exécution en Asie est la pauvreté », rappelant ainsi le thème de la Journée mondiale de cette année : peine de mort et pauvreté.

Le programme de la conférence contenait des débats portant aussi bien sur les enfants de parents condamnés à mort, que sur les migrants condamnés à mort, les troubles mentaux ou les exécutions secrètes.

Vers l’abolition de la peine de mort en Malaisie

La Malaisie étant le pays hôte de la conférence, les discussions sur l’abolition de la peine de mort dans ce pays ont été le fil conducteur. Dans son discours d’ouverture, le président de la Commission des droits de l’homme de Malaisie a qualifié la peine de mort de « traitement cruel, inhumain et dégradant,  et un attentat contre la vie et la sécurité ». Il a également fait appel au gouvernement pour qu’il commue toutes les condamnations à mort et pour qu’il revoie l’efficacité de ce châtiment.
Les présentations des nombreux intervenants, parmi lesquels se trouvaient universitaires, avocats et activistes, se sont concentrées sur le chemin vers l’abolition de la peine de mort en Malaisie, tout comme sur les différents obstacles tels que la religion et l’opinion publique.

Cependant, Andrew Chow du Barreau d’avocats de Malaisie a expliqué au cours de sa présentation la manière dont le gouvernement de Malaisie se base souvent sur ses propres sondages et enquêtes des médias – lesquels sont biaisés – pour justifier le recours à la peine de mort. Il a ensuite présenté une étude universitaire menée en Malaisie en 2013 par le professeur Roger Hood, Death Penalty Project et le Barreau de Malaisie qui montre que le soutien de l’opinion publique vis à vis de la peine de mort et beaucoup plus nuancé que ce que les autorités veulent faire croire le public.

L’importance du plaidoyer pour l’abolition de la peine de mort au niveau international a également été mise en avant par plusieurs intervenants. Le vote pour la résolution sur le moratoire à l’ONU ainsi que le deuxième Protocole facultatif au PIDCP, constituent de puissants outils qui peuvent faire basculer l’opinion publique en faveur de l’abolition.
A ce sujet, Amy Bergquist de Advocates for Human Rights a été invitée pour animer un atelier de formation en guise de session finale de la conférence. L’atelier était divisé en deux parties. La première était concentrée sur la présentation de l’Examen periodique universel et les organes des droits de l’homme des Nations unies ainsi que sur la façon de faire des recommandations efficaces comme une étape vers l’abolition de la peine de mort. La deuxième partie de l’atelier s’est concentrée sur la réalisation des missions d’enquête, sous forme de jeu de rôle, permettant aux participants de se mettre en situation et de s’entrainer pour réaliser ce type de missions, ce qui constitue une partie intégrante de travail de plaidoyer.

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