Greater Carribean for Life s’oppose à la reprise des exécutions

Caraïbes

Publié par Leela Ramdeen, le 9 novembre 2017

Greater Carribean for Life (GCL), une organisation non gouvernementale indépendante militant pour l’abolition de la peine de mort dans la région a rejeté les recommandations de reprise des exécutions faites par le Super intendant de la police, Dr. Chaswell Hanna, dans son étude récente sur les « Solutions aux problèmes de meurtres.»

GLC ne remet pas en cause l’idée que la société doit se protéger face aux individus qui commettent des crimes odieux. Elle est également d’accord sur le fait que la responsabilité des délinquants doit être engagée. Elle croit néanmoins que d’autres moyens non létaux sont suffisants pour protéger et défendre la société des délinquants. Alors que GLC condamne la montée des violences aux Bahamas et exprime sa sympathie envers les victimes, les membres rejettent l’idée même que la peine capitale ait un effet dissuasif ou encourage le respect à la vie d’autrui au sein des communautés.

GLC soutient l’opinion émise dans l’éditorial du Nassau Guardian publié le 20 octobre 2017 : « Nous ne pensons pas que la peine de mort aidera à la diminution de n’importe quel crime au Bahamas. La peine de mort est irréversible et le système pénal commet souvent des erreurs.

Il suffit de regarder le nombre de condamnations pour des crimes graves annulées par la Cour d’appel. De plus, les personnes vivant dans la pauvreté, qui sont peu éduquées et/ou qui souffrent de troubles mentaux, sont plus susceptibles d’être condamnées à mort. Il ne faudrait pas chercher à appliquer un châtiment aussi définitif alors qu’il existe des preuves que le système judiciaire commet des erreurs.»
L’étude de Dr Hanna affirme que « ceux qui s’opposent à la peine de mort ont du mal à comprendre que cette peine n’a pas été inventée à des fins préventives mais dans le but de mettre hors d’état de nuire et par esprit de vengeance ». Pour GLC, même si par le passé cette vision était la plus commune, à travers le monde on est passé d’un système axé sur le châtiment à un système judiciaire axé sur la réhabilitation. L’abolition de la peine de mort au sein de 141 États illustre cette tendance et démontre que le châtiment capital n’a plus sa place au 21ème siècle.
GLC est en accord avec Mme Janet Reno, ancienne Procureure générale des Etats-Unis, lorsqu’elle affirme : « Selon moi, la vengeance est la seule finalité de la peine de mort, telle que je la vois– une pure et simple vengeance. Mais la vengeance est un sentiment très personnel et je ne pense pas qu’un gouvernement civilisé devrait s’engager là-dedans… »

GLC exhorte donc le gouvernement des Bahamas à rejeter cet appel à la reprise des exécutions et lui demande de résoudre les causes profondes de ces crimes plutôt que leurs symptômes. Les recommandations du rapport d’UNDP 2012, Human Development and the shift to better citizen security, faites à 7 Etats des Caraïbes s’appliquent également aux Bahamas.

Le Rapport préconise un meilleur équilibre entre le maintien légitime de l’ordre public et la prévention. Il recommande également aux autorités publiques de mettre l’accent sur l’aspect préventif et d’investir dans la jeunesse, la création d’emploi, la réduction de la pauvreté et des inégalités socio-économiques. Ces stratégies participent à la mise en place d’une société plus juste, plus sûre et plus démocratique.

Plutôt que de faire couler le sang, travaillons tous ensemble avec nos gouvernements respectifs pour développer et utiliser des stratégies visant à réduire les crimes et apporter un meilleur soutien aux victimes. Nous pouvons développer par exemple des meilleurs programmes de protection des témoins, renforcer notre système pénal, améliorer le maintien de l’ordre et les condamnations. Améliorons nos connaissances médico-légales et la tenue de nos tribunaux pour garantir une gestion plus efficace des affaires.

Prenons des mesures contre les délais excessifs dus aux retards des tribunaux, au nombre important d’affaires en cours et l’incompétence ou la corruption des forces de police. Nous devons mettre l’accent sur la vie de famille et promouvoir une bonne éducation des enfants par les parents, réparer toutes les institutions dysfonctionnelles, se débarrasser de la drogue, des gangs et des armes aux Bahamas. Nous devons aussi déterminer si l’investissement fait aux Bahamas satisfait les besoins des étudiants du 21ème siècle ; éliminer la violence au sein des écoles, des foyers et même de la société ; promouvoir un système judiciaire favorisant la réhabilitation et la culture de la non-violence, le respect de soi-même et des autres. Le moment est venu pour nos pays de promouvoir le développement personnel et le bon voisinage. Accélérons les réformes des prisons et les procédures de réhabilitation ; travaillons pour restaurer le respect des lois, de la vie et des droits de l’homme en mettant en avant, par exemple, une nouvelle éthique de justice, de responsabilité et de communauté.

Frank Fiel, ancien Responsable du Groupe d’intervention contre le crime organisé et les homicides à Philadelphie, Etats Unis, a dit à juste titre : « La peine de mort fait très peu pour prévenir les crimes. C’est la peur de l’appréhension et d’une punition rapide et certaine qui constitue le meilleur outil de dissuasion ».

Ne laissons pas nos émotions assombrir notre jugement. Mettons fin aux crimes, pas à la vie.

Pour plus d’informations, contactez Leela Ramdeen, Présidente de GLC et Avocate à la Cour, au 1-868-299-8945 ou par email : leela_ramdeen@hotmail.com

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