Peine de mort en Iran : Forte augmentation des exécutions

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Publié par Anissa Aguedal, le 10 juin 2022

Une situation alarmante

Le 28 avril 2022, Iran Human Rights (IHR) et Ensemble contre la peine de mort (ECPM) ont publié leur 14e rapport annuel sur la peine de mort en Iran, révélant une forte augmentation du nombre d’exécutions en 2021.

Au moins 333 personnes ont été exécutées et 83,5% de ces exécutions n’ont pas été annoncées par les autorités. Le nombre d’exécutions en 2021 est nettement supérieur aux chiffres enregistrés en 2020 (267 personnes exécutées), ainsi qu’en 2019 et 2018.

Le lancement de ce rapport permet de sensibiliser l’opinion à la situation préoccupante de l’Iran et intervient à un moment où, après l’élection du président Ebrahim Raissi en juin 2021, l’Iran a continué et augmenté son recours à la peine de mort comme outil de répression contre de nombreux opposants.

Augmentation du recours à la peine de mort pour les infractions liées aux stupéfiants, pour les femmes et pour les minorités Baloutches

Au moins 126 personnes ont été exécutées pour des infractions liées à la drogue en 2021, ce qui constitue une augmentation alarmante de l’application de la peine de mort pour des infractions liées à la drogue, qui a été multipliée par cinq par rapport aux trois années précédentes. Bien qu’aucune de ces exécutions n’ait été signalée par des sources officielles, des sources de l’IHR ont confirmé chacune d’entre elles.

Selon le rapport, au moins deux délinquants juvéniles ont été exécutés, et le nombre d’exécutions de personnes issues de minorités ethniques a continué d’augmenter en 2021, 70 personnes de la minorité baloutche ont été exécutées, soit 21 % du nombre total des exécutions en 2021. 

Aujourd’hui, l’Iran a le plus grand nombre d’exécutions après la Chine, et est l’un des principaux bourreaux de femmes au monde. Le rapport indique qu’au moins 17 femmes ont été exécutées en 2021, ce nombre ayant presque doublé par rapport à l’année dernière, mais seules deux de ces exécutions ont été signalées par des sources officielles. À l’occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort, Iran Human Rights a publié une analyse sur 12 ans sur « Les femmes et la peine de mort en Iran« , qui fournit des informations complémentaires et le contexte de cette question.  

Faits positifs à garder à l’esprit

Pour la première fois depuis plus de 15 ans, aucune exécution publique n’a été signalée et au moins 705 personnes condamnées à mort pour meurtre ont été graciés par les familles des victimes de meurtre en vertu des lois sur les « qisas ». Il est également important de noter que le soutien de l’opinion publique à la peine de mort a considérablement diminué en Iran, selon Mahmood Amiry-Moghaddam, directeur d’Iran Human Rights. 

Le lancement du rapport comme occasion de sensibilisation 

Il reste important d’appeler la communauté internationale à faire pression sur le gouvernement iranien.

Dans une récente résolution, le Parlement européen a exhorté l’UE à soulever la question des violations des droits humains dans ses relations bilatérales avec l’Iran. Toute négociation entre l’Occident et l’Iran doit inclure la question de la peine de mort au titre de ses priorités.

souligne Raphaël Chenuil-Hazan, directeur général d’ECPM.

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