Une Cérémonie de clôture émouvante et inspirante
Congrès mondial
La cérémonie de clôture du 8ème Congrès mondial a mis en avant les personnes qui jouent un rôle immense dans le processus d’abolition de la peine de mort, avec une remise de prix et un hommage.
Magnifiquement animée par Ariane Grésillon, directrice adjointe d’ECPM, et Matthew Goldberg, président de la Coalition mondiale, la cérémonie de clôture a été le moment le plus émouvant du Congrès mondial. Rires et larmes se sont succédés tout au long de la matinée.
Cérémonie de remise des prix pour l’abolition
Les declarations officielles de l’ONU, de l’ancienne Garde des Sceaux Christiane Taubira, et d’autres ont été suivies de la cérémonie de remise de prix.
Le Grand Prix « Robert Badinter » a été décerné à l’avocate iranienne Nasrin Sotoudeh qui a plaidé dans de nombreuses affaires capitales, réussissant à empêcher un certain nombre d’exécutions, y compris de mineurs, et qui s’est également impliquée dans LEGAM (« Campaign for step by step abolition of the death penalty »), aux côtés de plusieurs éminents défenseurs et défenseuses iraniennes des droits humains. En mars 2019, Nasrin a été condamnée à 38 ans d’emprisonnement et 148 coups de fouet pour 7 chefs d’accusation, dont « participation et discours lors d’un rassemblement illégal », en raison de son activité au sein de LEGAM. Le prix a été accepté en son nom par Mahmood Amiry-Moghaddam, Iran Human Rights https://worldcoalition.org/membre/iran-human-rights/. Dans une lettre adressée au Congrès mondial, elle a demandé aux abolitionnistes d’être « les yeux et les oreilles des Iraniens en ces jours difficiles ».
Le prix de la défense a été décerné à RACOPEM, un réseau d’avocates et avocats du Cameroun, et à Justice Project Pakistan qui défendent avec succès des personnes condamnés à mort dans leur pays.
Le prix de la recherche a été décerné à Project 39A, Inde, dont les recherches approfondies et les publications ont permis de sensibiliser les gens et même de modifier la législation.
Le prix du plaidoyer a été décerné à l’ACAT-RCA (République centrafricaine), membre de la FIACAT, pour son vaste travail de plaidoyer impliquant plusieurs acteurs pour l’abolition de la peine de mort dans leur pays en 2022.
Enfin, le prix de l’innovation a été décerné à Justice to Keith LaMar/Keith LaMar (USA) et Albert Marquès (Catalogne) qui cherchent à obtenir justice pour la condamnation injustifiée de Keith LaMar en lui donnant notamment une voix à travers la musique.
Toute la cérémonie de clôture a été accompagnés par des chansons de leur album « Freedom First » dans lequel la mélodie est combinée avec les mots parlés de Keith LaMar. La cérémonie a été suivie d’un appel téléphonique au cours duquel Keith LaMar, depuis le couloir de la mort aux Etats-Unis, a remercié son équipe et les personnes qui le soutiennent et continuent de lutter contre l’injustice.
Mémorial
Tout en célébrant la nouvelle génération d’abolitionnistes mondiaux avec ces prix et en écoutant leurs témoignages émouvants sur leurs expériences, les participants à la cérémonie de clôture ont également pris quelques minutes pour se souvenir de leurs amis et collègues décédés depuis le 1er Congrès mondial en 2001 : Kumamoto Norimichi, Japon ; Martin, alias Marty McCLAIN, USA ; Natman SCHAYE, USA ; Wiley BRIDGEMAN, USA ; Damon THIBODEAUX, USA ; Aundre Herron, USA ; John Brosnan, Australie ; Phil Opas, Australie ; Henry Schwarzschild, USA ; Nigel Rodley, UK ; Nancy Anderson, Jamaïque ; Peter Schmer, USA ; Sakae Menda, Japon ; Jacques DERRIDA, France ; Tamara Chikunova, Ouzbékistan/Italie ; Patrick Lwanga Zizinga, Ouganda ; Kamran Arif, Pakistan ; Christoph Heyns, Afrique du Sud ; John Nyoka, Tanzanie ; Carroll Pickett, USA ; Karl RODENBERG, Allemagne ; ABDERRAHIM BERRADA, Maroc ; Mohamed Ahdaf, Maroc ; Tommy Anthony Sando Sr. , Liberia ; Justice Edmond, Sierra Leone ; Brian Roberts, USA.
Un hommage particulier a également été rendu à quatre hommes pour le rôle qu’ils ont joué pour la Coalition mondiale contre la peine de mort et le Congrès mondial : Bill Pelke, de Journey of Hope… From Violence to Healing, une organisation composée de familles de victimes de meurtres et de familles de personnes condamnées à mort aux Etats-Unis, qui croyait que par l’amour et la compassion, chacun et chacune pouvait rendre ce monde meilleur. Roger Hood qui, en plus d’être un chercheur d’une renommée internationale au Centre de Criminologie d’Oxford, était également un mentor et un ami de confiance pour de nombreuses organisations abolitionnistes. Renny Cushing, qui a apporté sa profonde humanité, son esprit brillant, son grand cœur et son espièglerie pour faire entendre la voix des familles de victimes de meurtre opposées à la peine de mort au sein du mouvement abolitionniste et qui, en tant que membre du corps législatif du New Hampshire, aux États-Unis, a fait en sorte que l’abolition de la peine de mort devienne réalité dans son État en 2021. Edgardo Román Espada, ancien président de l’Association du Barreau de Porto Rico et de la Coalition portoricaine contre la peine de mort, qui a joué un rôle essentiel lorsque des condamnations à mort fédérales ont été prononcées à Porto Rico, pourtant abolitionniste, et qui a été une figure amicale et joyeuse du mouvement.
Remarques finales de la vice-présidente de la Coalition mondiale, Connie Numbi
« Le 8e Congrès mondial touche à sa fin. Plus de 20 ans se sont écoulés depuis le premier congrès et notre engagement en faveur de l’abolition mondiale de la peine de mort est pleinement renouvelé. Au cours des derniers jours, nous avons regardé la future génération d’abolitionnistes, nous voyons ce que le mouvement peut maintenant devenir, et nous partons avec l’espoir de voir l’abolition de la peine de mort dans le monde entier. Nous sommes inspirés par les orateurs que nous avons écoutés, par la qualité des débats, la richesse des informations partagées et la solidarité au sein du mouvement. »
« Nous avons également abordé la nature profondément politique de la peine de mort. Que l’Iran et Singapour, l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis, la Chine et l’Egypte sachent que le monde nous regarde ! »
« Aux pays qui n’appliquent pas la peine de mort mais qui doivent encore procéder à ce changement définitif : nous sommes ici pour leur tendre la main, nous travaillerons ensemble afin de déclarer que la peine de mort a été officiellement abolie.
À nous tous, camarades abolitionnistes, et surtout aux plus jeunes : nous avons le pouvoir de mettre fin à ce châtiment cruel. A nous de jouer ! »
La cérémonie s’est terminée par une manifestation collective juste devant le « Rotes Rathaus » pour démontrer et chanter notre but et notre objectif – abolir la peine de mort dans le monde entier.