Accompagner la Corée du Sud dans son cheminement vers l’abolition
Journée mondiale
Des parlementaires, des leaders religieux et des membres d’organisations de défense des droits de l’Homme dont Amnesty International se sont rassemblés à la bibliothèque de l’Assemblée nationale à Séoul le 10 octobre pour débattre des perspectives d’abolition de la peine de mort en Corée du Sud. Le professeur de droit américain Speedy Rice y représentait la Coalition mondiale.
Une fois n’est pas coutume, le président de l’Assemblée nationale Kim Hyong O a ouvert la discussion. Le président, chargé de représenter l’ensemble du corps législatif, n’aurait pas assisté à un tel évènement abolitionniste il y a encore quelques années, a déclaré à Speedy Rice le professeur Ahn Kyong-When, Président de la Commission nationale des droits de l’Homme coréenne (ci-dessus). “Cela aurait équivalu à prendre parti”, précise Speedy Rice.
La Commission nationale des droits de l’Homme est un organe indépendant mis en place par les autorités coréennes en 2001 ; il recommande l’abolition de la peine de mort depuis 2005.
L’ambassadeur britannique et les autorités ecclésiastiques
L’ambassadeur britannique Martin Uden (ci-contre) a donné un discours qualifié par Speedy Rice de “très direct et éloquent, appelant à l’abolition de la peine de mort en Corée du Sud”. L’ambassade britannique à Séoul est en contact avec la Coalition mondiale afin d’assurer un suivi des actions internationales permettant d’aider la Corée du Sud à abolir la peine capitale.
Les chefs ecclésiastiques sud-coréens chrétiens et bouddhistes, qui ont formé un groupe multi-confessionnel contre la peine de mort, étaient également présents ; ils ont rejoint sur l’estrade un groupe d’étudiants venus protester contre la peine capitale (ci-dessous).
Projet de loi d’abolition et vote à l’Assemblée générale de l’ONU
Speedy Rice a ensuite rencontré Chong-Hoon Kim, le dirigeant du Bureau des droits de l’Homme au Ministère de la Justice, afin d’évoquer le projet de loi portant abolition de la peine de mort en Corée du Sud et encourager le pays à revoir son vote concernant le moratoire sur les exécutions à l’Assemblée générale des Nations unies – en passant d’une abstention l’année dernière à un vote en faveur du moratoire cette année.
Un projet de loi proposant d’abolir la peine de mort a été présenté au parlement sud-coréen en décembre 2004, mais doit toujours faire l’objet d’un vote : bien que 175 des 273 députés de l’Assemblée nationale aient soutenu le texte, ses opposants évoquent depuis lors, avec succès, le soutien de l’opinion publique en faveur de la peine capitale pour reporter la consultation.
Selon Chong-Hoon Kim, 65% des Coréens, ainsi qu’un puissant lobby d’églises chrétiennes fondamentalistes, soutiennent la peine capitale.
Aucune exécution n’a eu lieu dans le pays depuis 10 ans, ce qui le classe dans la catégorie des Etats abolitionnistes de fait.