Amnesty dresse la carte du monde de la peine de mort et se mobilise pour en effacer la Biélorussie

Statistiques

le 25 mars 2009

Selon les chiffres d’AI, au moins 2390 exécutions connues ont eu lieu dans 25 pays du monde en 2008. Cependant, les chiffres réels sont certainement plus élevés en raison du secret qui entoure la peine de mort dans des pays comme la Chine, la Biélorussie, la Mongolie et la Corée du Nord.
AI estime qu’au moins 8864 personnes ont été condamnées à mort dans 52 pays l’année dernière.
La répartition géographique observée dans le passé reste inchangée : la vaste majorité des exécutions ont lieu en Asie – principalement en Chine –, suivie du Moyen-Orient.
Comme les années précédentes, les cinq pays qui ont fait l’usage le plus lourd de la peine de mort en 2008 étaient la Chine, l’Iran, l’Arabie saoudite, le Pakistan et les Etats-Unis. Ils représentent 93% des exécutions connues dans le monde.

Le dernier pays d’Europe à procéder à des exécutions

En publiant ses statistiques, l’organisation a choisi de tourner son attention vers la Biélorussie, « le dernier pays d’Europe et de l’ancienne Union soviétique à procéder à des exécutions », selon un rapport préparé par AI avec l’aide du Comité Helsinki de Biélorussie et d’autres militants locaux des droits de l’Homme. L’étude a été présentée à Minsk lors d’une conférence de presse le 24 mars.
Heather McGill, chercheur d’Amnesty International pour l’Europe et l’Asie centrale, s’est rendue à Minsk pour l’événement. « La conférence de presse a attiré beaucoup de médias indépendants, mais les médias gouvernementaux ne sont pas venus. Dans un pays où seuls deux journaux indépendants sont distribués officiellement, cela a  limité notre couverture de manière significative », reconnaît-elle.
Bien que l’administration présidentielle ait refusé de rencontrer la délégation, des représentants des ministères de la justice et des affaires étrangères l’ont reçue. « C’est la deuxième fois que nous rencontrons des représentants du ministère de la justice et nous sommes heureux que ce dialogue se poursuive », affirme Heather McGill.
Quatre exécutions ont été enregistrées en Biélorussie en 2008. AI estime toutefois que le pays est prêt à abolir la peine capitale, comme les autorités l’ont promis à plusieurs reprises ces dernières années.
La Cour constitutionnelle a recommandé l’abolition ou un moratoire en 2004, des réformes législatives ont réduit le champ d’application de la peine de mort et le nombre d’exécutions diminue continuellement. Cela indique un « mouvement irréversible vers un rejet progressif de la peine de mort », selon le vice-ministre de l’Intérieur biélorusse, cité dans le rapport.
Le Conseil de l’Europe et l’Union Europénne ont tous les deux fait de l’abolition de la peine capitale une condition de tout rapprochement avec Minsk – une pression qui pourrait s’avérer décisive en ces temps de crise économique.

Des corps enterrés en secret

Pour encourager le président Biélorusse Aleksandr Lukashenko à sauter le pas et mettre fin à l’utilisation de ce châtiment cruel, inhumain et dégradant, AI appelle les citoyens à lui envoyer une carte postale lui demandant de mettre en place un moratoire sur les condamnations à mort et les exécutions en vue d’abolir la peine capitale et de commuer les peines déjà prononcées.
La carte postale est illustrée par l’image d’un prisonnier prêt à être exécuté d’un coup de feu dans la nuque, la méthode utilisée en Biélorussie.
Selon le Coloner Oleg Alkaev, qui a dirigé le couloir de la mort d’une prison de Minsk et ordonnée de nombreuses exécutions, les corps des condamnés sont ensuite éliminés secrètement et leurs familles ne savent pas où ils sont enterrés.
Regardez ci-dessous le témoignage du Colonel Alkaev enregistré par AI.
Téléchargez les statistiques d’AI sur la peine de mort
Téléchargez le rapport d’AI sur la Biélorussie (en anglais) et soutenez la campagne

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