Après plus de 20 ans sans exécutions, un moratoire officiel ?

Asie

Publié par Clémentine Etienne, le 27 juin 2018

Le bureau du président a indiqué qu’il étudiait la demande et que des consultations nationales auraient lieu en septembre 2018 sur le sujet.

Un plaidoyer élaboré en amont

Du 25 au 28 avril 2018 une délégation de la Commission internationale contre la peine de mort (CICPM) s’est rendue à Séoul afin de s’entretenir avec le Président de la Commission nationale des droits de l’homme en Corée (CNDH) Lee Sung-ho, le Président de la Cour constitutionnelle, des hauts fonctionnaires du Ministère de la justice, des membres de la communauté diplomatique et des organisations clés de la société civile pour discuter de questions liées à la situation de la peine de mort. Cette délégation internationale sur place a pu discuter et élaborer une stratégie à court terme pour entrevoir le champ des possibles concernant le vote de la Corée du Sud en faveur d’un moratoire officiel sur les exécutions en décembre 2018.

Bien que la Corée du Sud n’ait procédé à aucune exécution depuis le 30 décembre 1997 aucun moratoire officiel n’a jamais été déclaré. L’objectif de la délégation étant de faciliter une prise de position en faveur d’un moratoire officiel sur les exécutions.

Un séminaire international sur la peine de mort en Corée du Sud au moment opportun

En amont du séminaire international sur la peine de mort organisé le 26 avril 2018, la Présidente de la CICPM, Navi Pillay, lors de sa rencontre avec le Président de la CNDHC en Novembre 2017, avait émis l’idée d‘organiser un évènement informatif sur la peine de mort en prenant l’exemple de différents pays ayant aboli cette pratique. A la suite de cet entretien, Lee Sung-ho, (CNDHC) avait rapporté que le Président de la Corée du Sud, Moon Jae-in s’était montré réceptif et déclaré favorable à l’abolition de la peine capitale. 

Ainsi, le 26 avril 2018 la Commission nationale des droits de l’homme en Corée, conjointement avec la CICPM, a organisé un séminaire international sur la peine de mort. A cette occasion le professeur Ivan Simonovic commissaire de la CICPM et ancien secrétaire général adjoint de l’ONU, y a présenté plusieurs exemples d’États qui se sont éloignés de la peine de mort et ont aboli cette pratique « cruelle et inhumaine ».

C’est dans le même temps que le sommet historique entre le Président de la Corée du Sud, Moon Jae-in, et le Président de la Corée du Nord, Kim Jong-un, se déroulait à Panmunjom, à la frontière intercoréenne. Le commissaire de la CICMP, professeur Simonovic, y a donc fait référence inscrivant les actions abolitionnistes comme probantes d’un véritable leadership. « Pour s’éloigner de la peine de mort, il faut une volonté politique et un leadership politique.  Le monde attend de la Corée qu’elle prenne sa propre voie pour abolir la peine de mort et pour respecter et protéger le droit fondamental qu’est le droit à la vie. L’engagement en faveur de cet objectif envoie un message fort en matière de droits de l’homme à l’occasion du Sommet de la paix entre les dirigeants de la Corée du Sud et de la Corée du Nord. Ce message n’est autre que, les droits de l’homme et en particulier le droit à la vie, sont bien plus importants que toute autre forme de vengeance. »

En 2016, le 19 décembre, l’Assemblée Générale des Nations Unies adoptait sa sixième Résolution demandant un moratoire sur les exécutions en vue de l’abolition de la peine capitale. Elle fut majoritairement bien accueillie, avec 117 voix en faveur de la proposition. Cette année, la Corée du Sud sera un pays cible de cette septième Résolution moratoire après s’être abstenue depuis 2007 pour toutes les Résolutions moratoires de l’AGNU.

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